Le tutorat des aides à domicile : l’intégration à travers la formation
Le défi du recrutement
Recruter et fidéliser sont des enjeux majeurs qui concernent l’ensemble des secteurs d’activité, dont celui de l’aide à domicile. À l’ADAPA, deux leviers de fidélisation sont développés, notamment au travers du tutorat : l’intégration et la formation.
Rafir Bensayour, du service des Ressources Humaines, nous partage sa vision du marché de l’emploi :
« Le secteur de l’aide à domicile est en tension, le turn-over est important et le marché du travail a évolué : le taux de chômage est faible dans le département et nous sommes dans une logique de consommation de l’emploi. Il y a un travail de sélection des candidatures qui est important car on recrute des personnes qui manquent d’expérience. Elles manquent de formation dès le départ, face à un métier méconnu qui souffre d’un manque d’attractivité. »
Puisque les candidats sont volontaires mais débutants dans le métier, les valeurs, le savoir-être et le comportement priment : « Il n’y a pas de science exacte dans le recrutement. Nous devons être en capacité de sélectionner, accompagner et former les nouveaux salariés. Au-delà du recrutement, il faut arriver à créer des vocations. »
Les tuteurs, acteurs de l’intégration
Depuis 2018, un système de tutorat est développé afin de favoriser l’intégration des nouveaux salariés :
« Quand un candidat est retenu, quel que soit son profil, on planifie au minimum deux jours de binôme. Ensuite, des bilans sont prévus avec la Responsable de secteur, le tuteur et le nouvel embauché. Cela permet de faire le point sur le déroulé de l’intégration. Les binômes ne garantissent pas la fidélisation des nouvelles recrues : ils sont un moyen de faciliter la prise de poste, ils rassurent. »
Ces journées en binôme permettent ainsi aux nouveaux salariés d’être accompagnés par des aides à domicile, formé(e)s à cette responsabilité :
« On ne s’improvise pas tuteur : être un professionnel expérimenté ne suffit pas, il faut aussi être pédagogue.
Les tuteurs sont formés aux limites et au positionnement professionnels à avoir, ainsi qu’à l’évaluation du candidat dans la pratique. Ils sont là pour aiguiller, rassurer et donner confiance.
Les tuteurs permettent également de partager la culture d’entreprise. Ils transmettent nos valeurs, le sens du métier. Ils donnent l’impulsion et cela joue sur la qualité des interventions auprès des bénéficiaires. »
Le tutorat est ainsi une démarche d’accompagnement et d’amélioration : à l’issue du tutorat et du bilan, les nouveaux salariés peuvent débuter leurs interventions en autonomie, même si leurs tuteurs restent disponibles en appui téléphonique.
Ce système permet de « donner une chance à tout le monde », en laissant les candidats prendre leurs marques dans la pratique professionnelle et ce, en étant encadrés.
Cap sur le terrain : témoignages
Confiance et relations humaines
Virginie Juyaux était assistante d’éducation auprès d’enfants en situation de handicap. En novembre 2022, elle a intégré les équipes du secteur de Saint Etienne du Bois, encadrées par Edwige Pommier.
A son arrivée, elle a bénéficié du tutorat de Karine Bourdon, aide à domicile à l’ADAPA depuis plus de dix ans, pour la préparer à ses missions :
« Le tutorat m’a rassurée, car on rentre dans l’intimité des gens, qui sont tous différents, et on ne sait pas forcément comment s’y prendre. »
Très vite, elle comprend l’importance de la relation humaine : « On n’est pas là que pour ‘faire du ménage’ » explique-t-elle.
« Il faut savoir écouter les bénéficiaires, on est importants pour eux car on les voit parfois davantage que leur propre famille » renchérit Karine Bourdon, sa tutrice.
Pendant trois jours, toutes deux ont travaillé ensemble afin de faire découvrir le métier à Virginie et la laisser prendre des initiatives.
« Le tutorat m’a mise en confiance » raconte Virginie.
La confiance et la cohésion sont justement les objectifs de sa tutrice : « J’ai besoin qu’elle se sente à l’aise » explique-t-elle. « Avant de partir en intervention, on discute pour réduire l’appréhension. Après la période de tutorat, je la rappelle et prends des nouvelles. Au besoin, elle peut également me contacter. »
« Savoir qu’on peut joindre quelqu’un c’est rassurant » conclue Virginie.
Le tutorat : transmission et formation
Comme évoqué précédemment, on ne s’improvise pas tuteur : Karine a dix ans d’expérience à l’ADAPA et surtout, elle aime transmettre :
« Ça me fait plaisir de leur apprendre des choses, transmettre mon savoir-faire est important. Je préfère conseiller plutôt que de dicter une façon de faire : chacun travaille à sa manière. »
Sa protégée approuve : « Karine ne nous dit pas comment faire, elle nous guide, ce qui ne met pas de pression. »
En complément de la capacité à guider ses pairs, Karine a également suivi une formation pour devenir tutrice : « on a travaillé sur la transmission des compétences, la qualité de vie au travail et celle des interventions. On apprend aux nouvelles à être autonomes, discrètes, à respecter la confidentialité… »
Les tuteurs : un atout pour les équipes
Le tutorat est un atout pour l’intégration et la formation des nouveaux embauchés. Edwige Pommier, la Responsable du secteur de St Etienne du bois, explique :
« Entre faire l’entretien du logement chez soi et le réaliser chez un bénéficiaire il y a une grande différence : on rentre dans l’intimité des personnes. C’est donc essentiel d’avoir une période de binôme, que l’on soit diplômé ou pas. »
La connaissance des bénéficiaires par les tuteurs est également une information précieuse pour les nouvelles aides à domicile, puisque chacun a son propre environnement et ses propres habitudes.
Une intégration facilitée
Outre la formation au métier, les tuteurs ont un rôle dans l’intégration des nouveaux embauchés :
« Je ne prendrai jamais de nouveau salarié sans accompagnement : avec le tuteur, les nouveaux salariés connaissent déjà quelqu’un dans l’équipe, qu’ils peuvent appeler au besoin. » explique Edwige. « C’est aussi pour cela que, pour la formation des binômes, on privilégie le secteur de destination du nouveau salarié ainsi que les tuteurs qui ont été formés. »
Une intégration réfléchie, dont Virginie semble satisfaite : « L’ambiance et le soutien qu’on a ici m’ont beaucoup aidée. On a une responsable très disponible et très arrangeante. Sans tutorat, je n’aurai par exemple pas su comment entrer chez les gens : j’aurais probablement attendu devant la porte alors que certains bénéficiaires ont des difficultés à se déplacer ».
Ainsi, l’ADAPA poursuit sa logique d’amélioration continue de ses pratiques, en prenant en compte l’ensemble du parcours de ses salariés, au service de la qualité d’intervention auprès des bénéficiaires.
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